Comment développer l'intelligence émotionnelle dans votre entreprise ?

Interview de Yohan Ruso sur les facteurs de développement de l’intelligence émotionnelle pour les salariés et les managers.

Pour commencer, quelle serait pour vous la définition de l’intelligence émotionnelle et ses caractéristiques ? Comment fonctionne-t-elle et qu’est-ce qui la distingue de l’intelligence académique ?

De façon générale, l’intelligence fait référence aux aptitudes d’un individu à s’adapter à son environnement et au contexte qui l’entoure. La notion d’intelligence émotionnelle (IE) désigne, par conséquent, la capacité d’une personne à s’adapter aux situations où les émotions entrent en jeu ; des moments que nous vivons au quotidien en soi. Celle-ci englobe de nombreuses compétences comme la capacité de reconnaître ses propres émotions et celles des autres, pouvoir les comprendre et les contrôler. C’est aussi savoir utiliser des stratégies pour réagir de manière appropriée aux émotions des autres personnes. 

Il arrive parfois que l’intelligence émotionnelle soit interprétée, à tort, comme de la gentillesse excessive envers autrui ou de la curiosité invasive sur leur état émotionnel. Cependant, ces comportements sont bien souvent aux antipodes de l’intelligence émotionnelle.

Est-ce qu’il existe aujourd’hui, une “culture de travail émotionnellement intelligente” ? Est-ce que vous avez des exemples spécifiques d’entreprises qui ont réussi à en implanter une ?

Les cultures de travail peuvent favoriser la prise de conscience de l’intelligence émotionnelle (IE), mais il n’existe pas de “culture de travail émotionnellement intelligente” à proprement parler. En revanche, les organisations peuvent sensibiliser leurs employés à l’intelligence émotionnelle, beaucoup le font dans le cadre de leur programme de bien-être. Elles peuvent aussi donner aux employés l’espace nécessaire pour la réflexion et l’auto-management des émotions (trop de pression peut faire perdre la perspective émotionnelle) et laisser le temps aux relations saines de se développer. De plus, de nombreuses organisations aident leurs employés à gérer leur énergie émotionnelle en leur proposant un coaching Praditus ou en soutenant des habitudes émotionnelles plus saines.

Comme exemple, on pourrait citer Schneider et Google qui sont deux entreprises qui ont mis en place certaines de ces pratiques.

Est-ce que l’intelligence émotionnelle peut-être apprise ? Comment développer son intelligence émotionnelle et comment l’encourager ?

L’IE dépend à la fois de facteurs cognitifs et motivationnels. Les facteurs cognitifs, comme la capacité de reconnaissance des émotions ou l’empathie, sont très difficiles à développer mais pas impossible selon les études menées. Les facteurs motivationnels sont, en revanche, des compétences émotionnelles plus simples à travailler. Un comportement émotionnellement intelligent peut être appris par un coaching pour les managers et la formation d’habitudes.

Il s’agit d’abord de faire prendre conscience de l’importance de l’intelligence émotionnelle et de son impact réel sur les performances comme comprendre les différences entre les personnes, la capacité de prendre des décisions ou de négociations. Des études ont d’ailleurs, à travers de nombreux tests, montré que sans émotions, il serait impossible de prendre des décisions ou d’agir.

Ensuite, la formation consiste en un travail sur les techniques d’inhibition pour éviter les réponses automatiques aux émotions.

Enfin, de nouvelles habitudes en gestion des relations seraient formées grâce à des techniques d’ancrage comportemental sur les soft skills les plus recherchés en 2023, notamment à travers le miroir des émotions et le référencement social (comparaison de votre réponse émotionnelle à celle des autres).

En tant que manager, comment puis-je aider mes employés à développer leur intelligence émotionnelle ?

La première étape, c’est d’être un modèle : travaillez sur votre propre intelligence émotionnelle et votre conscience de soi, obtenez un retour d’information sur vos lacunes, efforcez-vous de modifier votre comportement pour une meilleure gestion des émotions et soyez transparent avec votre équipe sur vos progrès.

Vous pouvez également fixer des objectifs comportementaux avec les membres de votre équipe et échanger sur les progrès réalisés lors de vos contrôles réguliers.

Vous pouvez aussi orienter les membres de votre équipe vers des ressources de coaching en gestion des relations et de développement que votre organisation peut vous fournir, comme Praditus par exemple.

Quelles sont les avancées de la science de l’intelligence émotionnelle ? Savons-nous comment évaluer l’intelligence émotionnelle (par rapport au QI, par exemple) ?

La science de l’intelligence émotionnelle a débuté avant les années 1960 avec le concept “d’intelligence sociale”. Le concept a ensuite été approfondi par les spécialistes des sciences cognitives puis popularisé par Daniel Goleman dans le domaine du management à travers le concept de quotient émotionnel. C’est enfin avec les psychologues Peter Salovey et John Mayer que la notion d’intelligence émotionnelle voit le jour avec la première définition en 1990.

Aujourd’hui, il existe un vaste champ de recherche sur le sujet ; chacun utilisant des techniques de mesure différentes des capacités, allant du simple entretien à l’expérimentation psychologique en passant par les tests d’imagerie cérébrale en médecine ou en neurosciences.

Quels types d’avantages le développement de l’intelligence émotionnelle procure-t-il aux individus sur le plan personnel ? Et pour leur organisation (en particulier pour les managers) ?

L’intelligence émotionnelle permet de s’orienter à travers des situations variées au travail, notamment les interactions, le travail en équipe, les négociations et la capacité à identifier le climat émotionnel dans des situations telles que les présentations.

Et nous avons vu plus haut que l’intelligence émotionnelle est la clé d’une bonne prise de décision. Les membres de l’équipe dotés d’intelligence émotionnelle ont également tendance à être appréciés par leurs coéquipiers et leur manager. En effet, ils ont la capacité de se gérer et de comprendre les émotions des autres grâce à leur empathie.

Chez Praditus, nous avons observé que les managers dotés d’intelligence émotionnelle sont plus à même de retenir les membres de leur équipe en faisant preuve d’un intérêt et d’une préoccupation véritables à leur égard. Et tous ces facteurs créent un meilleur climat organisationnel.

Quelles sont vos prédictions en matière d’innovations et d’avenir pour l’‘intelligence émotionnelle ? Les soft skills deviendront elles de plus en plus importantes avec le développement de l’automatisation et de l’IA ?

Les intelligences artificielles spécialisées dans la reconnaissance faciale automatique progressent dans la détection des émotions des personnes ; cela a de nombreuses applications potentielles, par exemple dans la négociation, et doit être surveillé de près.

La notion d’intelligence émotionnelle est susceptible de devenir de plus en plus importante pour l’employabilité à mesure que les emplois sont automatisés. Les emplois qui nécessitent la capacité d’une réflexion complexe, de la créativité et des “compétences humaines”, comme l’empathie, dans la gestion des relations sont ceux qui sont difficiles à automatiser.

Forme d’intelligence : L’intelligence émotionnelle peut être définie comme l’aptitude à bien interpréter les émotions d’autrui et à gérer ses propres émotions.

Grande intelligence émotionnelle : La Grande intelligence émotionnelle est une intelligence supérieure à la norme et capable de gérer la complexité de la vie et des interactions sociales.

Intelligence humaine : L’intelligence émotionnelle est une intelligence humaine qui ne se développe pas au même rythme que l’intelligence logique.

Maîtrise de soi : La maîtrise de soi est un élément essentiel de l’intelligence émotionnelle.

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